J’ai beau me cacher derrière l’œilleton de mon appareil, certaines rencontres changent la donne. C’est lui, c’est elle qui décide. Ils m’attrapent, me défient, m’interrogent.
Que fais-tu là ? Vas-tu m’aider ?
Qui te donne l’autorisation de me prendre en photo ?
Légender ou non une photo ? Si je ne précise pas que ces enfants, maigres, immobiles vont mieux, qu’allez-vous penser ? Et quelle est, dans ce contexte, mon intention ?
Mon témoignage est-il pertinent ? Sert-il la cause de ces enfants ?
Est-ce ici l’utilisation de la misère comme moyen de toucher les esprits ou le témoignage brut ? Où se trouve la frontière ?
Chaque clic entraîne avec lui son lot de questions sans réponse.
Ces questions, nous les connaissons, chacun dans l’intimité singulière de sa propre histoire. Dans nos interrogations d’enfant…
En attendant, ils vont mieux…